ĂLOGEDE LâOISIVETĂ Bertrand Russell (1932) Lâauteur : Bertrand Russell (1872-1970) Russell est un mathĂ©maticien, logicien, philosophe, Ă©pistĂ©mologue, homme politique et moraliste britannique. Russell est considĂ©rĂ© comme l'un des philosophes les plus importants du XXĂšme siĂšcle. Sa pensĂ©e peut ĂȘtre prĂ©sentĂ©e selon trois grands axes : âą La
En fait, c'est dans son incertitude mĂȘme que rĂ©side largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s'y est pas frottĂ© traverse l'existence comme un prisonnier prisonnier des prĂ©jugĂ©s du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopĂ©ration ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraĂźt aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limitĂ©; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilitĂ©s peu familiĂšres sont refusĂ©es avec mĂ©pris. Mais [...] Ă peine commençons-nous Ă philosopher que mĂȘme les choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problĂšmes qui restent finalement sans rĂ©ponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu'elle fait surgir mais elle suggĂšre des possibilitĂ©s nouvelles, elle Ă©largit le champ de la pensĂ©e en la libĂ©rant de la tyrannie de l'habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu'elles pourraient ĂȘtre; elle dĂ©truit le dogmatisme arrogant de ceux qui n'ont jamais traversĂ© le doute libĂ©rateur, et elle maintient vivante notre facultĂ© d'Ă©merveillement en nous montrant les choses familiĂšres sous un jour inattendu. Mais Ă cĂŽtĂ© de cette fonction d'ouverture au possible, la philosophie tire sa valeur - et peut-ĂȘtre est-ce lĂ sa valeur la plus haute - de la grandeur des objets qu'elle contemple, et de la libĂ©ration Ă l'Ă©gard de la sphĂšre Ă©troite des buts individuels que cette contemplation induit ». Bertrand Russell. ProblĂšmes de philosophie. 1912 Payot 1989, p. ThĂšme La philosophie. Questions Qu'est-ce qui fait la valeur de la philosophie ? N'a-t-elle pas plusieurs vertus ? Lesquelles ? ThĂšse La valeur de la philosophie ne tient pas Ă sa capacitĂ© Ă rĂ©pondre aux questions qu'elle affronte. A l'inverse de la science qui parvient Ă des rĂ©sultats positifs, la philosophie ne construit pas de savoirs positifs. Les questions qu'elles posent demeurent ouvertes car son champ de rĂ©flexion est le problĂ©matique. Il s'ensuit qu'elle cultive l'incertitude mais c'est largement» ce qui fait sa valeur. Celle-ci se dĂ©cline de deux maniĂšres D'une part le doute philosophique est ouverture au possible. D'autre part il Ă©largit des frontiĂšres du Moi en le dissolvant dans la contemplation de l'infinitĂ© de l'univers. Il est ainsi le vecteur d'une sĂ©rĂ©nitĂ© et d'une libertĂ© intĂ©rieure que seul peut connaĂźtre un spectateur dĂ©sintĂ©ressĂ© du monde. Eclaircissements Ce texte propose un Ă©loge de la philosophie car ce qui a de la valeur, c'est ce qui inspire le respect ou l'estime. Or paradoxalement, la valeur de la philosophie ne tient pas Ă ce qu'elle fait grandir la science des hommes et comble l'esprit dans son dĂ©sir de savoir. Sa valeur rĂ©side dans son incertitude. Notons que la prĂ©cision "largement" contient une rĂ©serve. L'incertitude n'Ă©puise pas la valeur de la philosophie mais elle en est une dimension essentielle. Qu'est-ce donc que l'incertitude et en quoi est-ce une vertu ? L'incertitude est le propre d'un esprit qui ne peut pas adhĂ©rer Ă un contenu de pensĂ©e parce qu'il a conscience de sa faiblesse thĂ©orique. Ne satisfaisant pas aux exigences rigoureuses de la vĂ©ritĂ©, celui-ci demeure douteux. Etre incertain consiste donc Ă ĂȘtre travaillĂ© par le doute. En ce sens, l'esprit philosophique est le contraire d'un esprit dogmatique. Il s'Ă©tonne, interroge et cherche une vĂ©ritĂ© capable de rĂ©sister aux objections des sceptiques. Bertrand Russell montre que cette attitude est Ă l'opposĂ© de l'attitude spontanĂ©e. Aussi dĂ©crit-il, en termes quasi platoniciens, les caractĂ©ristiques de l'homme Ă©tranger au questionnement philosophique. Celui-ci est un prisonnier. L'auteur Ă©numĂšre la nature des chaĂźnes le retenant prisonnier et nous apprenons que ce sont Les prĂ©jugĂ©s du sens commun. Les croyances de son temps et de son pays. L'habitude qui rend familier le monde environnant. Au fond, Russell pointe les mĂȘmes pesanteurs que celles que Platon indique dans l'allĂ©gorie de la caverne. AntĂ©rieurement Ă l'Ă©veil philosophique, l'esprit est le jouet de divers conditionnements. Il a une passivitĂ© propice aux redoutables sĂ©ductions du doxique. Les choses lui semblent aller de soi, et il croit tellement qu'elles sont comme on les dit couramment qu'il oublie de se demander si on les dit comme elles sont. Russell insiste sur ce carcan des convictions qui ont grandi en lui sans la coopĂ©ration ni le consentement de sa raison ». Comme Platon et Descartes, il Ă©pingle la fatalitĂ© de l'enfance qui fait qu'on a absorbĂ© avec le lait maternel et l'apprentissage d'une langue, quantitĂ© de croyances Ă l'Ă©laboration desquelles la raison n'a pas concouru. Il s'ensuit que l'esprit est toujours dĂ©jĂ vieux de ce qu'il a inconsciemment incorporĂ© de telle sorte que penser revient Ă se rĂ©veiller de cette somnolence et Ă dire non Ă un impensĂ© se donnant Ă tort pour une pensĂ©e personnelle. Car l'inertie intellectuelle a ceci de prĂ©judiciable qu'elle confĂšre l'autoritĂ© d'Ă©vidences aux prĂ©jugĂ©s les plus dĂ©nuĂ©s de fondement rationnel. L'Ă©vidence est le caractĂšre d'Ă©noncĂ©s dont la vĂ©ritĂ© saute aux yeux. DĂšs lors comment douter de ce qui paraĂźt Ă©vident ? Le sentiment de l'Ă©vidence rend impermĂ©able au doute. Et l'inaptitude au doute va de pair avec l'Ă©troitesse d'esprit car tant qu'on est persuadĂ© de possĂ©der la vĂ©ritĂ©, on n'est pas enclin Ă remettre en question ses certitudes. Les convictions opposĂ©es sont d'emblĂ©e disqualifiĂ©es. L'esprit passif est adhĂ©rent et bornĂ©. Il adhĂšre tellement qu'il est indisponible Ă d'autres maniĂšres de penser que les siennes au point de leur opposer une fin de non recevoir mĂ©prisante. Manque d'imagination. Que l'on puisse avoir tort n'effleure mĂȘme pas. Suffisance et sottise du dogmatisme. La philosophie affranchit de cette misĂšre intellectuelle et morale. Elle suggĂšre des possibilitĂ©s nouvelles, elle Ă©largit le champ de la pensĂ©e en la libĂ©rant de la tyrannie de l'habitude ». Il n'y a rien de pire qu'une Ăąme habituĂ©e affirme Russell en Ă©cho Ă PĂ©guy. Une Ăąme habituĂ©e est une Ăąme morte. Elle est tellement victime de la familiaritĂ© des significations dont elle est la caisse de rĂ©sonance qu'elle a perdu toute capacitĂ© d'Ă©tonnement et toute libertĂ© de faire surgir des significations ayant leur source dans sa propre activitĂ©. Or qu'est-ce que la pensĂ©e en l'homme ? C'est la fonction du possible. Le possible c'est ce qui n'est pas mais peut ĂȘtre. C'est ce qui existe dans la reprĂ©sentation avant de l'ĂȘtre dans la rĂ©alitĂ© si d'aventure l'homme se mĂȘle de faire exister ce qu'il a commencĂ© Ă imaginer ou Ă projeter. La reprĂ©sentation du possible est donc capacitĂ© de s'affranchir des limites du rĂ©el pour se projeter vers ce qui a son principe dans l'esprit humain. Tout contexte culturel est ainsi structurĂ© par un imaginaire propre Ă un peuple donnĂ© et l'expĂ©rience montre que les imaginaires sont multiples et divers. Etre habituĂ© consiste Ă ĂȘtre prisonnier d'un imaginaire singulier au point d'avoir perdu la possibilitĂ© de le confronter Ă d'autres imaginaires et d'en interroger la valeur de vĂ©ritĂ©. A l'inverse, philosopher c'est faire retour sur l'esprit pour dĂ©voiler le monde comme un esprit ou une libertĂ© peut le faire. C'est par exemple opposer Ă l'ordre de l'ĂȘtre celui du devoir-ĂȘtre et cela consiste Ă juger le monde auquel on appartient, en substituant aux normes sociales convenues, les normes spirituelles et morales. C'est envisager d'autres significations et d'autres valeurs que celles qui sont, elles aussi, convenues. Cette libertĂ© n'est rendue possible que par un effort d'affranchissement de la tyrannie de l'habitude ». Avec le mot tyrannie », l'auteur insiste sur la force et l'arbitraire du pouvoir qui asservit l'esprit Ă son insu. Comme Platon, il fait gloire Ă la philosophie de dĂ©stabiliser le dogmatisme arrogant de ceux qui n'ont jamais traversĂ© le doute libĂ©rateur » et de promouvoir ainsi une vĂ©ritable libĂ©ration intellectuelle et morale. Mais ce n'est pas tout. La philosophie a encore un mĂ©rite plus grand, une valeur plus haute. Non seulement elle fait respirer l'air de la libertĂ© intellectuelle et morale mais elle a encore l'avantage d'Ă©largir les intĂ©rĂȘts du Moi Ă une dimension telle que ceux-ci perdent toute consistance. Russell dĂ©crit ici l'ascĂšse des prĂ©occupations du Moi individuel que produit la philosophie par la seule efficacitĂ© de la contemplation de son objet. Son objet est la vĂ©ritĂ©, l'Etre dans sa totalitĂ© et ces objets sont proprement infinis. Dans la lumiĂšre de cet horizon, le Moi individuel se dĂ©leste de la fonction centrale qu'il occupe dans l'existence Ă©gotiste du sujet non pensant. Les intĂ©rĂȘts privĂ©s sont remis Ă leur place. Non point qu'ils soient sans intĂ©rĂȘt mais enfin leur caractĂšre dĂ©risoire dans l'infinitĂ© de l'univers apparaĂźt au grand jour. Et il y a dans cette dĂ©couverte une libĂ©ration inouĂŻe des soucis qui empoisonnent d'ordinaire la vie des hommes. Vus d'une certaine hauteur ceux-ci se relativisent et l'agitation inquiĂšte des existences quotidiennes bornĂ©es, l'angoisse s'apaisent, laissant place Ă la sĂ©rĂ©nitĂ©, au dĂ©tachement et Ă l'impassibilitĂ© d'une existence consacrĂ©e Ă la recherche de la vĂ©ritĂ© impersonnelle. Il y a lĂ une expĂ©rience attestĂ©e par de nombreux grands penseurs et savants. Je commençais Ă m'apercevoir, avouait dans le mĂȘme esprit Einstein, qu'au-dehors se trouve un monde immense qui existe indĂ©pendamment de nous autres ĂȘtres humains, et qui se tient devant nous comme une grande et Ă©ternelle Ă©nigme mais accessible, au moins en partie Ă notre perception et Ă notre pensĂ©e. Cette considĂ©ration me fit entrevoir une vĂ©ritable libĂ©ration et je me rendis bientĂŽt compte que les hommes que j'avais appris Ă estimer et Ă admirer avaient trouvĂ©, en s'abandonnant Ă cette occupation, la libĂ©ration intĂ©rieure et la sĂ©rĂ©nitĂ© ». De mĂȘme FrĂ©dĂ©ric Joliot disait que La pure connaissance scientifique nous apporte la paix dans l'Ăąme en chassant les superstitions, en nous affranchissant des terreurs nuisibles et nous donne une conscience de plus en plus exacte de notre situation dans l'univers ».Conclusion La philosophie peut s'honorer par sa fonction critique d'affranchir de l'arrogance du dogmatisme et de l'Ă©troitesse d'esprit de l'attitude commune. Mais plus fondamentalement la libĂ©ration qu'elle promeut opĂ©re une transformation radicale de l'existence. Elle permet Ă celui qui s'y adonne de conquĂ©rir la paix de l'Ăąme et la sagesse qui sont la rĂ©compense Russell dit "l'effet induit" d'un amour dĂ©sintĂ©ressĂ© de la vĂ©ritĂ©. 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Le travail est lâopium du peuple et je ne veux pas mourir droguĂ©. Boris Vian Le travail constitue une valeur fondamentale dans notre sociĂ©tĂ© moderne. Aujourdâhui, il nâest plus un moyen pour obtenir le nĂ©cessaire vital, il est ce qui permet lâaccumulation et la domination. Il devient une obligation et une façon naturelle de sâĂ©panouir. La sociĂ©tĂ© a fait de ce qui nâĂ©tait quâun moyen de subvenir Ă ses besoins, une finalitĂ© Ă part entiĂšre. Et si la recherche du bonheur, la dĂ©couverte de soi, lâĂ©panouissement, la culture, les Ă©tudes, la recherche, la rĂ©flexion, lâamitiĂ©, lâamour, la crĂ©ation⊠passaient par le loisir, lâotium, la flemme, lâoisivetĂ©, la paresse⊠peu importe le nom que lâon veut lui donner, le rĂ©sultat Ă©tant le mĂȘme, un temps Ă soi mis Ă profit pour le loisir. Jâentends par loisir cet hĂ©ritage lointain de la skholĂš grecque, de lâotium romain, de la vita contemplativa chrĂ©tienne. Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journĂ©e pour lui-mĂȘme est un esclave, quâil soit dâailleurs ce quâil veut politique, marchand, fonctionnaire, Ă©rudit. Friedrich Nietzsche â Humain, trop humain, 1878 La valeur travail Dans lâantiquitĂ©, lâidĂ©al de vie Ă©tait un corps sain et un esprit sage qui se consacre Ă la Culture et aux Ćuvres de lâesprit. Les Romains divisaient la vie en deux activitĂ©s. Lâotium que lâon traduit par le loisir et le negotium neg, otium par le travail. Le loisir nâĂ©tait pas oisivetĂ©, il nâĂ©tait pas improductif. Il Ă©tait avant tout libertĂ©. Le travail Ă©tait considĂ©rĂ© comme source de dĂ©gradation de la nature humaine et comme perte de temps pour les activitĂ©s sociales et citoyennes. Le travail nâĂ©tait bon que pour les esclaves, les hommes libres ne devaient se consacrer quâĂ ce qui Ă©tait considĂ©rĂ© comme la valeur de lâexistence proprement humaine la vie publique, les sciences, les arts⊠RaphaĂ«l â LâEcole dâAthĂšnes 1509-1512 â Chambre de la Signature â MusĂ©es du Vatican â Chapelle Sixtine Il ne sâagissait pas de mĂ©priser le travail, mais dâĂ©liminer des conditions de vie lâactivitĂ© de satisfaire aux besoins matĂ©riels et aux besoins de survie. Ces besoins nâĂ©taient pas valorisĂ©s ni valorisant car ils Ă©taient aussitĂŽt consommĂ©s dans un cycle de re-production, consommation. Dire que le travail et lâartisanat Ă©taient mĂ©prisĂ©s dans lâantiquitĂ© parce quâils Ă©taient rĂ©servĂ©s aux esclaves, câest un prĂ©jugĂ© des historiens modernes. Les Anciens faisaient le raisonnement inverse ils jugeaient quâil fallait avoir des esclaves Ă cause de la nature servile de toutes les occupations qui pourvoyaient aux besoins de la vie. Câest mĂȘme par ces motifs que lâon dĂ©fendait et justifiait lâinstitution de lâesclavage. Travailler, câĂ©tait lâasservissement Ă la nĂ©cessitĂ©, et cet asservissement Ă©tait inhĂ©rent aux conditions de la vie humaine. Hannah Arendt, Condition de lâhomme moderne, Paris, Ed. Calmann-LĂ©vy, 1961, pp 95. Peu Ă peu, au fil des siĂšcles, lâotium est affublĂ© et assimilĂ© Ă de nombreux synonymes paresse, oisivetĂ©, dĂ©lassement, divertissement⊠La paresse remplacera mĂȘme lâacĂ©die ou la paresse spirituelle pour devenir lâun des sept pĂ©chĂ©s capitaux et ĂȘtre rĂ©vĂ©latrice de la civilisation du travail comme valeur centrale de notre sociĂ©tĂ©. La crise morale française porte un nom câest la crise du travail. Nicolas Sarkozy â Extrait du journal Le Monde â 23 Janvier 2007 On ne doit pas oublier que les concepts qui ont mis en mouvement le monde moderne et bouleversĂ©s notre conception viennent du loisir. Lâotium Ă©tait vantĂ© par les philosophes, notamment SĂ©nĂšque, Montaigne ou encore Nietzsche. Pour ces philosophes le travail allait Ă lâencontre du dĂ©veloppement de la raison les facultĂ©s intellectuelles, de la libertĂ© de conscience et empĂȘchait dâaccĂ©der Ă une rĂ©flexion originale et personnelle. Il ne faut pas oublier que, ne pas travailler, nâest pas nĂ©cessairement synonyme de paresse. Notre rapport au loisir est complexe, et dĂšs notre enfance, la sociĂ©tĂ© nous rĂ©pĂšte que la paresse est mĂšre de tous les vices, et le loisir est souvent vĂ©cu comme une absence. Une absence de travail, une absence de remplissage du temps qui passe. Mais si cette paresse pouvait sauver le monde ? Nous conduire vers les chemins du bonheur ? Gravure de Bonaventure-Louis PrĂ©vost â Frontispice de lâEncyclopĂ©die de Diderot et dâAlembert reprĂ©sentant la Raison et la Philosophie arrachant son voile Ă la VĂ©ritĂ© rayonnante de lumiĂšre, gravĂ© en 1772 dâaprĂšs le dessin de Cochin datant de 1764. LâĂ©loge de lâoisivetĂ© Quâil sâagisse de Bertrand Russell avec lâapologie de lâoisivetĂ© » publiĂ© en 1932, du concept de la dĂ©croissance soutenable mis en avant par certains mouvements anti-productivistes, anti-consumĂ©riste et Ă©cologistes, la rĂ©duction du temps de travail nâest pas simplement apologie de lâoisivetĂ©. Mais pour ses objecteurs de croissance il sâagit dâune vĂ©ritable prise de conscience humaniste et Ă©cologique. Pour B. Russell dans lâapologie de lâoisivetĂ© » la valeur travail est un prĂ©jugĂ© moral des classes privilĂ©giĂ©es qui estiment que lâabsence dâactivitĂ© conduirait la plupart des hommes, surtout ceux des classes les plus pauvres Ă la dĂ©pravation. LâidĂ©e que les pauvres puissent avoir des loisirs a toujours choquĂ© les riches. Bertrand Russell, lâĂ©loge de lâoisivetĂ©, 1935 Il va dĂ©fendre lâidĂ©e que quatre heures de travail par jour suffiraient pour assurer aux populations les ressources indispensables Ă la vie. Le travail pourrait ĂȘtre partagĂ© Ă©quitablement et Ă©viter ainsi que le reste de la population ne sombre dans le chĂŽmage et la faim. Les faits et la rĂ©alitĂ© nous le dĂ©montre mais la croyance en la croissance est toujours plus forte. On veut toujours avoir plus, combler nos tensions dans lâaccumulation matĂ©rielle en espĂ©rant pouvoir cesser, cesser quoiâŠ? Mais câest justement cette accumulation qui est facteur de tension sociale et de violence dans notre sociĂ©tĂ©. Cette croissance crĂ©e plus de misĂ©reux que de personnes Ă qui elle pourrait donner un revenu dĂ©cent. Et que dire de la surexploitation des ressources naturelles⊠Le reste du temps pour B. Russell serait consacrĂ© au loisir, Ă lâoisivetĂ©. Quand je suggĂšre quâil faudrait rĂ©duire Ă quatre le nombre dâheures de travail, je ne veux pas laisser entendre quâil faille dissiper en pure frivolitĂ© tout le temps qui reste. Je veux dire quâen travaillant quatre heure par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et quâil devrait pouvoir disposer du reste de son temps comme bon lui semble. Dans un tel systĂšme social, il est indispensable que lâĂ©ducation soit poussĂ©e beaucoup plus loin quâelle ne lâest actuellement pour la plupart des gens, et quâelle vise, en partie, Ă dĂ©velopper des goĂ»ts qui puissent permettre Ă lâindividu dâoccuper ses loisirs intelligemment. Bertrand Russell, lâĂ©loge de lâoisivetĂ©, 1935 Une oisivetĂ© forme dâotium qui serait consacrĂ©e Ă toutes les formes de cultures des plus populaires aux plus intellectuelles, de lâactivitĂ© sociale Ă lâactivitĂ© citoyenne en prĂŽnant une Ă©ducation libĂ©rĂ©e. Les activitĂ©s ont Ă©tĂ© inhibĂ©es par le culte du profit. Aujourdâhui une activitĂ© valorisĂ©e et valorisante doit ĂȘtre une activitĂ© qui rapporte. LâidĂ©e que les activitĂ©s dĂ©sirables sont celles qui engendrent des profits a tout mis Ă lâenvers. Bertrand Russell, lâĂ©loge de lâoisivetĂ©, 1935 En rĂ©duisant le temps de travail, la recherche et lâoriginalitĂ© ne serait pas entravĂ©e. Car toutes les formes de crĂ©ation de recherche, dâĂ©ducation⊠ne dĂ©pendraient pas de nos besoins de survie. La fatigue nerveuse et la lassitude ne prendraient pas la place du temps libre et selon B. Russell lâhomme serait plus enclin Ă la bienveillance quâĂ la persĂ©cution et Ă la suspicion, il apprendrait le partage, le vivre ensemble et non lâaccumulation et la ne peut que faire le rapprochement entre les idĂ©es dĂ©veloppĂ©es par B. Russell et les pensĂ©es de Nietzsche, sur le travail. Dans la glorification du â travail â, dans les infatigables discours sur la â bĂ©nĂ©diction du travail â, je vois la mĂȘme arriĂšre pensĂ©e que dans les louanges adressĂ©es aux actes impersonnels et utiles Ă tous Ă savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce quâon sent aujourdâhui, Ă la vue du travail â on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, quâun tel travail constitue la meilleure des polices, quâil tient chacun en bride et sâentend Ă entraver puissamment le dĂ©veloppement de la raison, des dĂ©sirs, du goĂ»t de lâindĂ©pendance. Car il consume une extraordinaire quantitĂ© de force nerveuse et la soustrait Ă la rĂ©flexion, Ă la mĂ©ditation, Ă la rĂȘverie, aux soucis, Ă lâamour et Ă la haine, il prĂ©sente constamment Ă la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et rĂ©guliĂšres. Ainsi une sociĂ©tĂ© oĂč lâon travaille dur en permanence aura davantage de sĂ©curitĂ© et lâon adore aujourdâhui la sĂ©curitĂ© comme la divinitĂ© suprĂȘme. â Et puis ! Ă©pouvante ! Le â travailleur â, justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille dâ â individus dangereux â ! Et derriĂšre eux, le danger des dangers â lâindividuum ! [âŠ] Etes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent quâĂ produire le plus possible et Ă sâenrichir le plus possible ? Votre tĂąche serait de leur prĂ©senter lâaddition nĂ©gative quelles Ă©normes sommes de valeur intĂ©rieure sont gaspillĂ©es pour une fin aussi extĂ©rieure ! Mais quâest devenue votre valeur intĂ©rieure si vous ne savez plus ce que câest que respirer librement ? Si vous nâavez mĂȘme pas un minimum de maĂźtrise de vous-mĂȘme ? Nietzsche. Aurores 1881, Livre III, § 173 et § 206, trad. J. Hervier, Gallimard, 1970 Nietzsche ne critique pas le travail en lui-mĂȘme mais la valeur travail, la glorification du travail ». Il condamne cette idĂ©ologie qui tend Ă en faire une valeur supĂ©rieure et qui pousse Ă lâapologie de la croissance Ă©conomique. Pour Nietzsche cette survalorisation du travail conditionne lâindividu et serait une volontĂ© politique de canalisation de rĂ©volte et dâĂ©panouissement. Elle lâaliĂ©nerait et le dĂ©tournerait de sa propre humanitĂ©. LâĂ©nergie individuelle ne serait plus utilisĂ©e au service de lâindividu mais au service de la productivitĂ©. Il nâaura plus la force de penser par lui-mĂȘme ni de se dresser contre lâĂtat. Car le travail possĂšde une fonction policiĂšre qui occupe, soumet, Ă©puise et dĂ©tourne dans la poursuite dâautres buts que ceux que la sociĂ©tĂ© impose. On pourrait mĂȘme parler de valeur SĂ©curitĂ© autant valorisĂ©e aujourdâhui et Ă©rigĂ©e en fin en soi au dĂ©triment de la libertĂ© individuelle. Est-ce que trop de valeur sĂ©curitĂ© nâest pas Ă©gale Ă un dĂ©sir de contrĂŽle des individus ? Troublant et troublĂ©e de retrouver les 2 thĂšmes phares de notre prĂ©sident Travail et sĂ©curitĂ©. Il faut laisser les gens travailler plus, pour gagner plus, câest mon programme ⊠Moi je veux ĂȘtre le candidat du travail. Nicolas Sarkozy â Extrait du journal Le Monde â FĂ©vrier 2007 On ne dira jamais assez le mal que les 35 heures ont fait Ă notre pays. Comment peut-on avoir cette idĂ©e folle de croire que câest en travaillant moins que lâon va produire plus de richesses et crĂ©er des emplois. Nicolas Sarkozy â TĂ©moignage Rembrandt â philosophe en mĂ©ditation 1632 A tort ou Ă raison ? Est ce quâil ne dĂ©pend pas de notre survie dâinventer une nouvelle forme de croissance ? On mâaurait menti, les ressources naturelles ne sont elles pas infinies ? Il est difficile dâaller vers un changement, vers une baisse de la consommation au sein de notre sociĂ©tĂ© quand le bonheur de la consommation, de la possession matĂ©rielle est indice de rĂ©ussite, dâĂ©panouissement. La mesure du bonheur sur terre ne devrait pas seulement prendre en compte la croissance Ă©conomique. Je ne dis pas quâil faudrait travailler quatre heures par jour ou encore ne pas travailler, je dis juste quâil faudrait peut ĂȘtre revoir nos prioritĂ©s et rĂ©-injecter dâautres valeurs dans la sociĂ©tĂ©. Ne dit-on pas quâil faut prendre le temps de se poser pour pouvoir rĂ©flĂ©chir. Prendre le temps, sortir du tumulte de nos activitĂ©s pour lĂ©zarder un peu, Ă profit de soi et forcement des autres. Un temps mis Ă profit de soi pourrait peut ĂȘtre nous rappeler que nous ne sommes pas tout seul. Toutes les pistes ne sont pas Ă exclurent⊠On peut se laisser rĂȘver Ă un autre monde. Je vous laisse Ă la rĂ©flexion et Ă la paresse⊠et la prochaine fois quâon vous traitera de paresseux soyez en plus fier car lâargent ne mesure pas toutes les richesses. Bandeau de lâarticle © MusĂ©e dâOrsay, dist. RMN â Vincent van Gogh â La mĂ©ridienne dit aussi La sieste dâaprĂšs Millet â 1890LĂ©diteur en parle. LâĂloge de l'oisivetĂ© est une pĂ©pite dĂ©nichĂ©e dans lâĆuvre immense et protĂ©iforme de Bertrand Russell. Dans la grande tradition des essayistes anglais (Swift, Stevenson), il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mĂȘmes de la civilisation moderne. DerriĂšre l'humour et l'apparente lĂ©gĂšretĂ© du propos Travailler moins pour vivre mieuxSi le salariĂ© ordinaire travaillait quatre heures par jour, il y aurait assez de tout pour tout le monde, et pas de chĂŽmage en supposant quâon ait recours Ă un minimum dâorganisation rationnelle. Cette idĂ©e choque les nantis parce quâils sont convaincus que les pauvres ne sauraient comment utiliser autant de loisir. 1932, Ăloge de lâoisivetĂ©, Bertrand Russell.[1] Dans les mĂȘmes annĂ©es trente, Keynes prĂ©disait pour lâan 2000 la semaine de 15 heures avec un niveau de vie quatre fois le progrĂšs technique a tenu ses promesses, le bien ĂȘtre promis nâest pas au rendez-vous. En 2000, nos pays sont cinq fois plus riches que dans les annĂ©es 30 mais le travail sâest intensifiĂ© pour certains, il sâest prĂ©carisĂ© pour dâautres, il a disparu pour beaucoup trop de salariĂ©s au lieu dâĂȘtre partagĂ© entre toutes les mains. Au lieu de nous libĂ©rer, la machine nous a rĂ©duction du temps de travail a bien lieu. Câest celle qui, sans cesse, augmente les effectifs de lâarmĂ©e de rĂ©serve composĂ©e de chĂŽmeurs et de travailleurs prĂ©caires pendant que dâautres doivent travailler plus de 40 heures par semaine pendant encore plus dâannĂ©es. Câest Ă cette inĂ©galitĂ© aussi quâil faut sâattaquer celle de pouvoir disposer de son temps pour vivre sa vie comme on lâ des ressources et la dĂ©tĂ©rioration de notre environnement nous imposent de revoir notre modĂšle Ă©conomique fondĂ© sur une augmentation permanente de la production de biens dont lâutilitĂ©Ì peut ĂȘtre questionnĂ©e et que le marketing nous enjoint de chantage Ă lâemploi, quand lâexistence de chacun est subordonnĂ©e Ă lâexercice dâune activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e, doit cesser pour autoriser une Ă©volution vers un monde plus respectueux de lâenvironnement et Ă©conome en ressources naturelles. Laisser le marchĂ© continuer Ă imposer sa loi au nom de la compĂ©titivitĂ© internationale et de la maximisation des profits est faut changer de paradigme On nous dit le travail est vital pour assurer le gĂźte et le couvert, nous disons au contraire quâassurer Ă toutes et tous les conditions concrĂštes dâexistence est encore beaucoup plus vital pour vivre mieux. Le quasi-monopole de lâemploi comme source de revenu est pour beaucoup dans la valeur sociale qui est accordĂ©e au travail. Pour abolir ce culte du travail, il faut briser ce monopole, il faut garantir un revenu Ă tous. Batiste Mylondo [2] Nous avons largement les moyens en revenus 1 450 M⏠et en patrimoine 12 500 M⏠dâassurer Ă tous les membres de la communautĂ© ce droit universel Ă une existence digne en toute circonstance. Enfin les machines qui remplacent lâouvrier peuvent et doivent aussi contribuer Ă assurer son existence comme le prĂ©conisait dĂ©jĂ Jean de Sismondi 1773- 1842 .Ainsi avec ce revenu de vie on peut Travailler moins en rĂ©duisant le temps consacrĂ© Ă un emploi contraint, nĂ©cessaire pour vivre mais peu valorisant,Travailler mieux en se libĂ©rant dâun emploi facilement automatisable, dâun emploi nocif et inutile pour soi et pour la moins Avec la semaine de quatre jours et lâallocation dâexistenceLes travaux de Pierre Larrouturou lâont montrĂ© la semaine de quatre jours nâest pas une hĂ©rĂ©sie Ă©conomique, elle est au contraire la seule solution pour partager les emplois qui existent encore. Mais malgrĂ© quelques timides expĂ©riences on tourne le dos Ă une telle perspective. On incite encore ceux qui ont un emploi Ă travailler plus la durĂ©e hebdomadaire en France dâun plein temps est aujourdâhui de plus de 38 heures ! et on repousse lâĂąge de dĂ©part Ă la retraite ; Ces choix ont pour consĂ©quences lâaugmentation du chĂŽmage, lâaccroissement sans fin des dĂ©penses sociales pour rĂ©parer les dĂ©gĂąts Ă la fois du chĂŽmage de masse, de la prĂ©caritĂ© et de la surcharge de travail sur des salariĂ©s de moins en moins nombreux. Rythme de vie trop rapide, surcharge de travail, manque de temps pour soi ou pour leurs proches, trajets trop longs⊠Les actifs de six pays occidentaux dont la France ont certaines aspirations quant au futur de leur vie professionnelle. Mais les 12 074 salariĂ©s interrogĂ©s pour une Ă©tude internationale aspirent surtout Ă ralentir le rythme 78 % et travailler moins 51 % ! Guirec Gombert, HELLOWORKPLACE [3]Le partage des emplois avec lâallocation dâun revenu dâexistence peut rĂ©soudre la quadrature du cercle qui est celle de libĂ©rer du temps sans baisse des revenus pour le travailleur, ni augmentation du coĂ»t du montre que pour le salariĂ© rĂ©munĂ©rĂ© au Smic, avec lâAUE Ses revenus augmentent de 20 % ;son temps libre hebdomadaire augmente de 50 %avec une journĂ©e de travail libĂ©rĂ©e, en thĂ©orie, un emploi serait créé pour quatre emplois salariĂ©s existants,La productivitĂ© de lâentreprise ne manquerait pas dâaugmenter ce qui autoriserait une augmentation nominale des salaires avec un accord collectif. Ainsi, avec lâAUE câest un vĂ©ritable cercle vertueux qui sâenclenche au profit de tous les cette exemple un ouvrier payĂ© au SMIC pour 35h par semaine est rĂ©munĂ©rĂ© 1464 âŹ, en 4 jours avec lâAUE de 900 ⏠et une contribution CAUE de 244 ⏠serait rĂ©munĂ©rĂ© 1740 âŹ.Voir la prĂ©sentation complĂšte Avec lâallocation dâexistence, le temps partiel nâest plus synonyme de prĂ©caritĂ©. On peut choisir de partager son temps entre un emploi Ă temps partiel et dâautres activitĂ©s comme pour sâoccuper de ses enfants ou de ses proches, pour crĂ©er, pour prendre des responsabilitĂ©s syndicales, associatives, politiques⊠On peut dĂ©cider de prendre un congĂ© de six mois pour un voyage, pour des travaux, force du revenu universel est ici double dâune part, il assure positivement» un socle de revenus et dâautre part, il laisse chacun libre de complĂ©ter cette base par des revenus dâactivitĂ© salariĂ©e. La modulation du temps de travail et la discontinuitĂ© de lâactivitĂ© ne sont plus des menaces mais des opportunitĂ©s. Julien Dourgnon [4]Ce vĂ©ritable salaire socialisĂ© avec lâAUE, ouvre la voie Ă la civilisation du temps libĂ©rĂ© » chĂšre Ă AndrĂ©Ì Gorz et Ă©mancipe lâĂȘtre humain de sa condition de prolĂ©taire, condamnĂ© Ă perdre sa vie Ă essayer de la cette rĂ©duction du temps de travail concertĂ©e est une voie prometteuse pour mieux distribuer les emplois, la combiner avec lâallocation dâexistence permet en sus dâaller aussi vers le travail hors de lâemploi mieux en libĂ©rant le travail du carcan de lâemploiDĂ©jĂ en 1884, William Morris, fondateur de la Socialist League [5] dans un texte intitulĂ© travail utile et vaine besogne, dĂ©nonçait le travail dĂ©nuĂ© de sens et inutile Un travail digne de ce nom suppose lâespoir du plaisir dans le repos, dans lâusage que nous ferons de son produit et dans la mise en Ćuvre quotidienne de nos talents crĂ©atifs. Tout autre travail que celui-lĂ Ì ne vaut rien â câest un travail dâesclave â câest besogner pour vivre et vivre pour besogner.[6]Un siĂšcle et demi plus tard, rien nâa changĂ©, bien au contraire. Le travail aliĂ©nĂ© triomphe seulement le travail paie peu mais lâemploi salariĂ© nâest plus Ă©mancipateur. Il est trop souvent cause de souffrances. 90 % des salariĂ©s sâinterrogent sur leur emploi actuel. Un salariĂ© sur quatre est en Ă©tat dâhyper stress, plus des deux tiers des 29 millions de salariĂ©s consomment des psychotropes, se dopent ou ont des addictions pour affronter leurs conditions de travail et le stress [7]. La crise de sens du travail touche de plus en plus tĂŽt les salariĂ©s, les cadres comme les les salariĂ©s aspirent Ă changer de mode de vie et Ă un travail plus valorisant. La pandĂ©mie Covid 19 a accĂ©lĂ©rĂ© ce phĂ©nomĂšne de dĂ©sertion du marchĂ© de lâemploi. LibĂ©rer le travail du carcan de lâemploi quâon nous impose est devenue une lâaide de la technologie, le revenu dâexistence permet dâaccompagner ces profondes mutations et de sâĂ©chapper de ces emplois devenus inutiles ou absurdes, voire dangereux pour son intĂ©gritĂ© physique ou psychique. Il donne la possibilitĂ© de redĂ©couvrir un mĂ©tier, de sâapproprier de nouveaux savoir-faire, des compĂ©tences, des responsabilitĂ©s, de crĂ©er de la vĂ©ritable valeur pour soi, pour les siens, pour la viabilise ainsi des mĂ©tiers aujourdâhui peu rĂ©munĂ©rateurs Un jeune paysan nâest plus obligĂ© dâexercer un emploi complĂ©mentaire pour Ă©quilibrer le budget de la ferme, cumulant ainsi plus de 70 heures de travail par semaine. Sâil vit en couple, avec lâAUE, les deux conjoints ont des choix de vie beaucoup plus larges ils peuvent ensemble se consacrer entiĂšrement Ă leur activitĂ© agricole, ils peuvent employer quelquâun Ă mi-temps, prendre des vacances dâexistence est le prix Ă payer par toute la communautĂ© pour lâĂ©mancipation, lâĂ©panouissement et lâinclusion de chacun de ses membres. Comme le souligne Nancy Fraser dans Quâest-ce que la justice sociale ? ce systĂšme de redistribution universel rĂ©ellement transformateur peut modifier progressivement lâĂ©quilibre du pouvoir entre le capital et le travail en minant la marchandisation de la force de permettra de faire le tri entre les emplois inutiles les fameux bullshit jobsde David Graeber et les emplois dont on ne peut se passer parce quâils ont une vĂ©ritable utilitĂ© des Ă©boueurs de New York montre quâil est possible de valoriser des mĂ©tiers pĂ©nibles mais trĂšs utiles pour la sociĂ©tĂ©. Aujourdâhui, plus de 50 ans aprĂšs une grĂšve historique de 9 jours, qui avait noyĂ©Ì la ville dans les ordures en fĂ©vrier 1968, un ouvrier au service de la propretĂ© Ă New York gagne jusquâĂ 70 000 $ par an aprĂšs cinq ans dâanciennetĂ©.[8] Si cette conquĂȘte a Ă©tĂ© possible dans lâantre mondiale du capitalisme, avec ce revenu minimum garanti, chacun sera encore plus fort pour lutter pour de meilleures conditions de Morris dans Travail utile et vaine besogne[9] rĂȘvait de cette libertĂ©Ì qui reste Ă conquĂ©rir Une fois libĂ©rĂ©s de lâangoisse quotidienne de la faim, quand ils auront dĂ©couvert ce quâils veulent vraiment et que rien sinon leurs propres besoins nâexercera plus sur eux de contrainte, les gens refuseront de fabriquer les niaiseries quâon qualifie dâarticles de luxe ou le poison et les ordures quâon nomme articles bon oui, il existe bien une alternative au sinistre et dĂ©bile projet du travailler plus pour gagner plus, pour que chacun participe avec ses moyens Ă la crĂ©ation de richesses sans ĂȘtre condamnĂ© Ă travailler trop, Ă travailler mal ou au contraire ĂȘtre assignĂ© Ă lâinaction et Ă la ce revenu de vie ne permet pas seulement de rĂ©duire le temps de travail dans lâemploi, il autorise Ă travailler autrement et mieux en osant abandonner un emploi dĂ©nuĂ© de sens, un travail marchandise.[10] Alain SupiotLe travail permet dâhabiter le monde, Ă condition dâĂȘtre libĂ©rĂ© de cette angoisse de devoir assurer Ă tout prix le lendemain pour soi et sa famille et ne plus cĂ©der au chantage dâun emploi de survie, Ă condition de pouvoir donner du sens et du temps Ă chacune de nos activitĂ©s. Lâallocation universelle dâexistence ouvre la porte Ă une sociĂ©tĂ© du choix, du temps libĂ©rĂ© de la compĂ©tition et de la performance individuelle, pour que chacun et chacune, dans une Ă©gale considĂ©ration, trouve sa place dans la communautĂ© des humains et dans le respect de son Van Parijs, philosophe, fondateur du Basic Income Earth Network Il sâagit de construire un Ătat social qui mise intelligemment sur lâĂ©panouissement du capital humain plutĂŽt que sur lâastreinte dâun emploi non choisi. ____________________[1] Ăloge de lâoisivetĂ©Ì, Bertrand Russell, premiĂšre Ădition, 1932, Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation. Paris Ă©ditions Allia, 2002, pour la traduction française, 40 p. Traduit de lâanglais par Michel Parmentier.[2] Batiste Mylondo, Ne pas perdre sa vie Ă la gagner, pour un revenu de citoyennetĂ©, Ăditions du croquant, 2010.[3] Les salariĂ©s occidentaux aspirent Ă changer de mode de vie par Guirec Gombert, HELLOWORKPLACE, 23 juin 2016.[4] Julien Dourgnon Revenu universel Pourquoi ? Comment ?[5] Avec entre autres Eleanor Marx, fille de Karl Marx.[6] Texte prĂ©sentĂ© par Anselm Jappe dans La civilisation et le travail Ăditions Le passager clandestin, 2013.[7] Quand le travail pousse au dopage une rĂ©alitĂ©Ì pour 69 % des Français, Journal Sud-Ouest, 11/11/2017[8] Lire pages 147 et suivantes Utopies rĂ©alistes de Rutger Bregman, Ăditions du Seuil, 2017.[9] Texte prĂ©sentĂ©Ì par Anselm Jappe dans La civilisation et le travail, Ăditions Le passager clandestin, 2013[10] Le travail nâest pas une marchandise. Contenu et sens du travail au XXI ° siĂšcle, Alain Supiot, Leçon de clĂŽture du CollĂšge de France du 22 mai
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Elogede l'oisiveté de Plongez-vous dans le livre Bertrand Russell au format . Ajoutez-le à votre liste de souhaits ou abonnez-vous à l'auteur Bertrand Russell - Livraison gratuite à 0,01⏠dÚs 35⏠d'achat - Furet du Nord
Accueil Catalogue L'art de philosopher Parution 09 fĂ©vrier 2005 Traduit par Collection Nb. de pages 104 Description Bertrand Russell rĂ©digea les trois essais qui composent cet ouvrage au cours dâun sĂ©jour quâil effectua aux Ătats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Sâadressant Ă un public dâĂ©tudiants, il y dessine le parcours intellectuel que devra suivre lâapprenti philosophe. Il lui propose de se consacrer dâabord Ă lâĂ©tude de la logique, des mathĂ©matiques et de lâhistoire des sciences afin dâacquĂ©rir le mode de pensĂ©e le plus favorable Ă la philosophie, dĂ©finie comme lâart de la conjecture rationnelle ». Les exposĂ©s quâil consacre avec sa clartĂ© coutumiĂšre Ă la logique, art de lâinfĂ©rence », et aux mathĂ©matiques, art du calcul », sont un Ă©loge Ă des disciplines dâesprit toujours plus nĂ©cessaires pour faire face aux forces la mesure oĂč cet ouvrage propose une discipline de pensĂ©e rigoureuse et prudente, il conserve toute son actualitĂ© face aux forces ambiantes de lâirrationalisme et aux dogmatismes de toutes sortes. 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Revenu universel, de base, inconditionnel, minimum, garanti, citoyen⊠Il emprunte diffĂ©rents noms, de nombreuses dĂ©finitions se posent et sâopposent, il reprĂ©sente des philosophies aussi variĂ©es quâantagonistes. On lui appose une orientation libĂ©rale, socialiste, post-travailliste. On vante la simplification du millefeuille des prestations sociales, on fait lâĂ©loge de lâoisivetĂ©. ⊠Mais de quoi parle-t-on ? Pour rĂ©pondre Ă cette question â si tant est que ce soit possible â nous allons faire un voyage dans le temps et rencontrer ceux qui ont bĂąti lâidĂ©e â dans sa diversitĂ© et ses contradictions â et les autres qui les ont inspirĂ©s. Dâune filiation idĂ©ologique complexe, lâidĂ©e dâun revenu universel » versĂ© Ă tous les habitants dâun Ătat ou dâun territoire est, en effet, apparue Ă maintes reprises sous la plume de nombreux Ă©conomistes, Ă©crivains, philosophes et hommes politiques au fil des siĂšcles. Beaucoup estiment que lâidĂ©e du revenu universel trouve son origine en 1516, sous la plume de Thomas More, alors quâil Ă©crivait Utopia. Dans ce lieu qui est nulle part », lâile dâUtopia, lâexistence de tous les membres de la sociĂ©tĂ© doit ĂȘtre assurĂ©e afin que personne ne se trouve dans la nĂ©cessitĂ© de voler, et donc de subir le dernier supplice. Au lieu dâinfliger ces terribles punitions, il serait bien plus efficace de fournir Ă chacun les moyens de subsistance nĂ©cessaires, de sorte que personne ne soit plus dans lâaffreuse nĂ©cessitĂ© de devenir, dâabord un voleur, puis un cadavre. » Ainsi, la stricte Ă©galitĂ© entre les citoyens est lĂ©gion, les moyens de production sont propriĂ©tĂ© collective, le systĂšme de pĂ©rĂ©quation entre les villes et la juste rĂ©partition des richesses de lâĂtat sont les piliers de la satisfaction de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Il nây a pas dâargent, pas de luxe, pas de superflu. Le temps libre est consacrĂ© aux loisirs, les maisons sont prĂȘtĂ©es pour 10 ans, chacun se vĂȘt de la mĂȘme maniĂšre. Chaque pĂšre de famille vient chercher tout ce dont il a besoin et lâemporte sans paiement, sans compensation dâaucune sorte. Pourquoi refuser quelque chose Ă quelquâun puisque tout existe en abondance et que personne ne craint que le voisin demande plus quâil ne lui en faut ? Car pourquoi rĂ©clamer trop, alors quâon sait que rien ne sera refusĂ© ? Ce qui rend avide et rapace, câest la terreur de manquer. » Mais cet idĂ©al exige encore une contrepartie hommes et femmes, tous ceux qui en sont capables, doivent travailler, certes peu, mais travailler quand mĂȘme. CanonisĂ© en 1935, le nouveau nommĂ© Saint Thomas More Ă©crit cette satire de lâAngleterre alors que le premier mouvement des enclosures fait des ravages parmi les familles paysannes â abandonnĂ©es sans moyens de subsistance â auparavant nourries par le systĂšme fĂ©odal des tenures. Philosophe, juriste, thĂ©ologien, humaniste et homme politique anglais, cet homme qui mourra sous lâĂ©chafaud dâHenri VIII alors quâil en fut son chancelier est lâun des inspirateurs des Poor Laws instaurĂ©es en Angleterre pendant plus de quatre siĂšcles, lâun des bĂątisseurs de la pensĂ©e humaniste et a posteriori du revenu universel. Deux siĂšcles plus tard, en 1840, sâinspirant dâUtopia, Etienne Cabet renouvĂšlera ce rĂȘve avec Voyage En Icarie. Autre sociĂ©tĂ© idĂ©ale, cette nouvelle contrĂ©e se base elle aussi sur la stricte Ă©galitĂ© entre ses membres, les inĂ©galitĂ©s Ă©tant mĂšre de tous les maux. LâinĂ©galitĂ© de fortune, la propriĂ©tĂ© et la monnaie, enfantent les privilĂšges et lâaristocratie, puis lâopulence et la misĂšre, puis la mauvaise Ă©ducation, puis la cupiditĂ© et lâambition, puis tous les vices et tous les crimes, puis tous les dĂ©sordres et le chaos, puis toutes les calamitĂ©s et toutes les catastrophes. » Ainsi, quatre principes de base structurent la vie des citoyens vivre, travailler, donner selon ses forces, recevoir selon ses besoins. Comme tout le monde ne peut ĂȘtre mĂ©decin, pour que les uns veuillent ĂȘtre cordonniers, il faut que les cordonniers soient aussi heureux et contents que les mĂ©decins. ». Etienne Cabet, penseur politique français et classĂ© par Karl Marx parmi les socialistes utopiques auxquels il oppose son socialisme scientifique, verra â alors quâil purge une peine de prison â une petite communautĂ© de colons se crĂ©er autour de ses idĂ©es. En 1847, 150 personnes votent lâ Acte de constitution dâIcarie » et lâĂ©lisent comme prĂ©sident. InstallĂ©s sur les rives de la Red River au Texas, mais rapidement dĂ©couragĂ©s par le climat, les maladies qui lâaccompagnent et les querelles entre eux, ils lâaboliront au bout dâune annĂ©e. En 1949, Cabet sort de prison et dĂ©cide de reformer le mouvement, un nouvel Acte est votĂ© et la communautĂ© sâinstalle dans lâIllinois. Il y meurt en 1856. Six ans plus tard, les colons prononcent Ă nouveau sa dissolution, ruinĂ©s par les consĂ©quences de la guerre de SĂ©cession. Puis une nouvelle communautĂ© dans lâIowa, dissoute, puis en Californie aux abords de la Russian River oĂč ils nâatteindront jamais lâautosuffisance, rĂ©voquĂ©e en 1886. Notamment inspirĂ© par les thĂšses de lâhumaniste hollandais Hugo Grotius et de celles de Jean-Jacques Rousseau pour qui Lâargent quâon possĂšde est lâinstrument de la libertĂ©, celui quâon pourchasse est celui de la servitude », Thomas Pain est considĂ©rĂ©, surtout pour les libĂ©raux, comme le premier penseur du revenu universel. En 1625, dans Le Droit de la paix et de la guerre â aussi Ă lâorigine de notre droit international â Hugo Grotius lui-mĂȘme inspirĂ© dâAristote, centre sa rĂ©flexion sur ce quâil nomme la Loi naturelle. Celle-ci agirait sur notre conscience en nous faisant veiller Ă notre prĂ©servation physique, morale et sociale. Les hommes seraient alors enclins Ă recevoir une justice rĂ©paratrice des violations de ce droit naturel. Sur cette mĂȘme idĂ©e, le concept de revenu universel » est rĂ©ellement apparu au 18e siĂšcle entre les lignes de Thomas Paine, philosophe britannique engagĂ© dans la rĂ©volution amĂ©ricaine et auteur, en 1797, de La Justice agraire. La rĂ©forme agricole subie par les paysans anglais avec le mouvement des enclosures entrepris des siĂšcles plus tĂŽt en vertu duquel lâautre Thomas rĂȘva dâUtopia, et le dĂ©but de lâindustrialisation ayant conduit Ă lâappauvrissement de la population menĂšrent se pamphlĂ©taire Ă rĂ©diger le fameux manifeste. Selon lui, chacun devrait recevoir, Ă sa majoritĂ©, une dotation de 15 Livres. Puis, Ă 50 ans, une allocation annuelle de 10 Livres pour pouvoir finir tranquillement sa vie. Cet argent serait issu dâun fonds commun, prĂ©levĂ© sur lâhĂ©ritage de la propriĂ©tĂ© et distribuĂ© par lâĂtat. Pour Paine, ces allocations compenseraient lâappropriation par certains du bien commun quâest la terre. La civilisation ayant rendu des hommes plus riches et dâautres plus pauvres que ce quâils ne lâauraient Ă©tĂ© dans leur Ă©tat primitif », soit avant lâappropriation, par les plus forts, du sol. Il distingue deux types de propriĂ©tĂ©, une naturelle qui appartient Ă tous et qui nous a gĂ©nĂ©reusement Ă©tĂ© donnĂ©e par Dieu, et une artificielle ou acquise, inventĂ©e par lâhomme. La derniĂšre ne peut ĂȘtre partagĂ©e de façon Ă©gale, car, selon lâauteur, il faudrait que chacun y contribue de la mĂȘme maniĂšre. Elle nâest pas nĂ©gative, mais au contraire source dâamĂ©lioration et de richesse ». La premiĂšre, en revanche, est un droit â le mĂȘme dĂ©veloppĂ© par Grotius 150 ans plus tĂŽt. Mais, cette propriĂ©tĂ© a, de fait, ĂŽtĂ© les droits naturels des autres individus qui Ă leur Ă©tat primaire en auraient eu lâusufruit. Câest ainsi que tout possesseur de la terre a une dette envers la collectivitĂ©. VoilĂ aussi pourquoi chaque individu doit pouvoir sans condition, quâil soit riche ou pauvre, jouir de cette compensation. Il sâagit donc dâune question de justice et non de charitĂ©, pour quâ aucun individu nĂ© dans un Ă©tat civilisĂ© ne puisse se trouver dans une situation pire que celle oĂč il serait sâil fut nĂ© avant lâĂ©tablissement de cette civilisation ». Favorable Ă cette idĂ©e, le gouvernement anglais finira par mettre en place au dĂ©but du 19e siĂšcle le Speenhamland Act ou Loi sur les pauvres », une de ces fameuses et nombreuses Poor Laws inspirĂ©es par Thomas More au 16e siĂšcle. Jusquâen 1834 un revenu minimum â indexĂ© sur le prix du blĂ© et sur la taille de la famille Ă prendre en charge â Ă©tait accordĂ© en sus du salaire versĂ© si celui-ci ne suffisait pas assurer lâexistence du travailleur. Loin dâun revenu universel stricto sensu, Thomas Paine a nĂ©anmoins posĂ© une premiĂšre pierre Ă lâĂ©difice. Autre utopiste, Charles Fourier, philosophe français du dĂ©but du 19e est Ă lâorigine de lâĂ©tonnant PhalanstĂšre, et par lĂ mĂȘme, dâune idĂ©e dâallocation universelle. Il classe les individus en 810 catĂ©gories correspondant Ă autant de passions. Une Phalange lâensemble des phalanges ne composant pas un doigt, mais bien le PhalanstĂšre, la sociĂ©tĂ© idĂ©ale est composĂ©e dâhommes et de femmes de chaque catĂ©gorie, 1620 personnes en tout, qui oeuvrent en fonction de leurs affinitĂ©s et dĂ©sirs, et allant au cours dâune mĂȘme journĂ©e dâun groupe Ă lâautre. Il estime en effet que, dans la sociĂ©tĂ© prĂ©industrielle quâil connaĂźt, lâattirance naturelle des humains pour lâactivitĂ© et la vertu est totalement entravĂ©e et pervertie par le travail. Ainsi, chacun est rĂ©munĂ©rĂ© par un revenu minimum annuel garanti duquel sont ĂŽtĂ©s les services dont il a bĂ©nĂ©ficiĂ© au sein de la phalange. Sây ajoute une rĂ©tribution individuelle dont le montant dĂ©pend de la classe dans laquelle lâĆuvre rĂ©alisĂ©e se situe nĂ©cessitĂ©, utilitĂ© ou agrĂ©ment. AprĂšs sa mort â car bien quâayant tentĂ© il nây arriva point â certains essayĂšrent de rĂ©aliser des phalanstĂšres expĂ©rimentaux, mais aucun nây parvint⊠les querelles internes en ayant toujours eu raison. LâidĂ©e dâun revenu universel et son orientation sociale et post-travailliste peuvent ainsi se retrouver au coeur du socialisme du XIXe siĂšcle et des mouvements ouvriers qui â face Ă lâindustrialisation â cherchent Ă libĂ©rer lâindividu de lâaliĂ©nation du travail. ProblĂ©matique encore trĂšs ancrĂ©e dans lâactualitĂ©, lâindustrialisation et aujourdâhui la robotisation de lâĂ©conomie permettait alors de produire bien plus, en moins de temps et avec moins dâhommes. Ce que Wassily LĂ©ontief rĂ©sumait ainsi Quand la crĂ©ation de richesses ne dĂ©pendra plus du travail des hommes, ceux-ci mourront de faim aux portes du Paradis Ă moins de rĂ©pondre par une nouvelle politique du revenu Ă la nouvelle situation technique. » Câest ainsi quâen bĂ©nĂ©ficiant dâune ressource minimum sans condition, les citoyens pourraient, potentiellement, gagner en autonomie et en pouvoir de nĂ©gociation face Ă leurs employeurs. Câest alors â et bien sĂ»r â avec Karl Marx que lâon peut lire aujourdâhui les revendications dâune certaine frange des dĂ©fenseurs du revenu universel. Quand il imagine une sociĂ©tĂ© dĂ©lestĂ©e du salariat, Marx entend que La distribution des moyens de paiement devra correspondre au volume de richesses socialement produites et non au volume du travail fourni. » Dans Le Droit Ă la paresse, paru en 1880, Paul Lafargue â son gendre â sâinscrit lui aussi dans cette pensĂ©e. Il y dĂ©mystifie le travail et son statut de valeur et prĂŽne avec ferveur la diminution du temps de labeur⊠à trois heures par jour. Pour quâil parvienne Ă la conscience de sa force, il faut que le prolĂ©tariat foule aux pieds les prĂ©jugĂ©s de la morale chrĂ©tienne, Ă©conomique, libre penseuse ; il faut quâil retourne Ă ses instincts naturels, quâil proclame les Droits de la Paresse, mille et mille fois plus sacrĂ©s que les phtisiques Droits de lâHomme concoctĂ©s par les avocats mĂ©taphysiques de la rĂ©volution bourgeoise ; quâil se contraigne Ă ne travailler que trois heures par jour, Ă fainĂ©anter et bombancer le reste de la journĂ©e et de la nuit. » Câest plus tard, en 1932, dans son Eloge de lâOisivetĂ© que Bertrand Russel sâentendra â en tout cas sur ce point â avec Marx et son gendre. Pour lui, la valeur travail est un prĂ©jugĂ© moral des classes dominantes pour qui lâabsence dâactivitĂ© conduirait Ă la dĂ©chĂ©ance morale et Ă la dĂ©pravation. Aussi, il estime que la productivitĂ© industrielle est suffisante pour rĂ©pondre aux besoins de tous les hommes â mĂȘme au superflu â avec une quantitĂ© minimum de travail. Selon lui, quatre heures de corvĂ©e par individu seraient ainsi suffisantes pour que le reste du temps puisse ĂȘtre dĂ©volu Ă lâoisivetĂ©. Un certain petit revenu suffisant pour les nĂ©cessitĂ©s doit ĂȘtre assurĂ© pour tous, quâils travaillent ou non, et un revenu plus Ă©levĂ© doit ĂȘtre accordĂ© Ă ceux qui sont prĂȘts Ă sâengager dans un travail que la communautĂ© reconnaĂźt comme utile. Sur cette base, nous pouvons construire plus loin. » Une variante de cette filiation communiste » fut plus rĂ©cemment incarnĂ©e par le philosophe AndrĂ© Gorz, lâun des inspirateurs de lâĂ©cologie politique. Il considĂšre que le plein emploi ne reviendra jamais et que les sociĂ©tĂ©s doivent transformer leurs fondements pour sâadapter au nouveau marchĂ© du travail. Une position faisant Ă©cho aux revendications de mai 1968. Il Ă©crivait en 1990 La rationalisation Ă©conomique libĂšre du temps, elle continuera dâen libĂ©rer, et il nâest plus possible, par consĂ©quent, de faire dĂ©pendre le revenu des citoyens de la quantitĂ© de travail dont lâĂ©conomie a besoin. Il nâest plus possible, non plus, de continuer Ă faire du travail rĂ©munĂ©rĂ© la source principale de lâidentitĂ© et du sens de la vie pour chacun. » Mais Ă la mĂȘme Ă©poque, les libĂ©raux revendiquaient un genre de revenu universel en totale opposition lâimpĂŽt nĂ©gatif. ThĂ©orisĂ© dans les annĂ©es 40 par lâAnglaise Juliet Rhys-Williams, le concept fut popularisĂ© par Milton Friedman qui lui a consacrĂ© en 1962 un chapitre de son ouvrage Capitalisme Et libertĂ©. Pour le financer, il propose une simplification extrĂȘme du systĂšme fiscal, avec la fin de lâimpĂŽt sur le revenu au profit dâun impĂŽt universel dont la somme serait fixe et commune Ă chacun, afin dâĂ©viter les effets de seuil. Il sâagirait ainsi dâĂ©viter les effets pervers des allocations sociales qui nourriraient selon lui des mentalitĂ©s dâassistanat. MĂ©canisme neutre, lâimpĂŽt nĂ©gatif ne perturberait pas non plus le marchĂ©. ConsidĂ©rĂ© comme lâun des Ă©conomistes les plus influents du 20e siĂšcle, Friedman ne sera pas parvenu Ă mettre en place lâimpĂŽt nĂ©gatif. Pourtant, Reagan, Thatcher ou encore Pinochet sâinspireront grandement de ses idĂ©es sur la privatisation, la dĂ©rĂ©glementation ou encore la fiscalitĂ©. Aujourdâhui, de nombreux auteurs continuent Ă suivre sa pensĂ©e, câest le cas notamment de Gaspard Koeing, Ă la tĂȘte du Think Tank libĂ©ral GĂ©nĂ©ration libre » qui dĂ©fend avec Marc de Basquiat lâidĂ©e dâun revenu suffisant pour tous, sous forme dâimpĂŽt nĂ©gatif le Liber. De leur cĂŽtĂ©, en 1985 les Ă©conomistes français Henri Guitton et Yoland Bresson ont fondĂ© lâAssociation pour lâinstauration dâun revenu dâexistence lâAIRE. Un an plus tard, Yoland Bresson sâassociera notamment avec Philippe Van Parijs pour fonder le Basic Income European puis Earth Network, le BIEN, devenu le principal rĂ©seau mondial de chercheurs sur le sujet. Ce mouvement intellectuel a pour partie inspirĂ© en France la crĂ©ation du RMI puis du RSA et, enfin, de lâactuelle prime pour lâemploi. Aujourdâhui, les militants du Mouvement français pour un revenu de base MFRB créé en mars 2013, prĂŽnent lâextension progressive du RSA Ă toute la population, en commençant par son versement automatique Ă ceux qui en remplissent les conditions dâobtention. Lâhistoire ne saurait sâarrĂȘter lĂ . De nombreuses expĂ©rimentations dâinspirations souvent libĂ©rales commencent Ă voir le jour et le dĂ©bat politique en est encore Ă ses dĂ©buts. Mais cette petite rĂ©trospective nous aura permis de dĂ©terminer les fondements philosophiques et idĂ©ologiques au combien diffĂ©rents dâune idĂ©e qui a bien du mal Ă se cacher derriĂšre une seule et simple dĂ©finition, celle dâun revenu universel ». Si nous pouvions le rĂ©sumer, nous dirions que pour les libĂ©raux et libertariens, la dĂ©fense du revenu universel est historiquement liĂ©e Ă lâidĂ©e dâune propriĂ©tĂ© commune des ressources naturelles et au rééquilibrage par un revenu pour tous. Chez les socialistes et post-travaillistes, lâidĂ©e trouve ses fondements sous deux principes la rĂ©duction de lâexploitation des travailleurs en augmentant leur pouvoir de nĂ©gociation et la possibilitĂ© de rĂ©duire le temps de travail pour quâil ne soit plus ni au centre de la vie ni le seul moyen dây survivre. LĂ oĂč chacun sâaccorde, câest quâil faudra concilier libertĂ© et solidaritĂ©, responsabilitĂ© individuelle et justice sociale, car un individu ne devrait pas subir les circonstances qui lâont vue naĂźtre, mais ĂȘtre responsable de ses choix. Ă lire ou Ă relire â Thomas More, LâUtopie, 1516â Etienne Cabet, Voyage En Icarie, 1840â Hugo Grotius, Le Droit de la guere et de la paix, 1625â Thomas Paine, La Justice agraire, 1797â Paul Lafargue, Le Droit Ă la paresse, 1880â Bertrand Russel, Eloge De lâoisivetĂ©, 1932â Milton Friedman, Capitalisme et LibertĂ©, 1962 SecrĂ©taire de rĂ©daction de Metis, journaliste et rĂ©dactrice web, je suis passĂ©e par le marketing et les relations internationales. Articles associĂ©s LA LETTRE DE METIS Recevez deux fois par mois les nouveautĂ©s de Metis dans votre boĂźte mail. je mâinscris
EPISODE2 - Nos sociétés industrialisées sont encore loin de la baisse radicale du temps de travail prÎnée par le philosophe dans son "Eloge de
Quand je suggĂšre qu'il faudrait rĂ©duire Ă quatre le nombre d'heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu'il faille dissiper en pure frivolitĂ© tout le temps qu'il reste. Je veux dire qu'en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu'il devrait pouvoir disposer de son temps comme bon lui justement, actuellement beaucoup de gens pourraient ne travailler que 4 heures et avoir suffisamment d'argent pour manger et se loger. Beaucoup de gens peuvent faire ce choix, mais choisissent de continuer Ă fond, qu'est-ce qu'il veut ? Que "la sociĂ©tĂ©" impose de force aux gens de ne travailler que 4h ? C'est stupide. S'il veut laisser le choix, alors dans ce cas, le capitalisme permet dĂ©jĂ son utopie pour pas mal de gens en dans tous les cas, sa thĂ©orie est basĂ©e sur une conception simplette, infantile et fausse et typiquement de gauche du travail le travail serait une quantitĂ© fixe Ă se rĂ©partir au mieux entre la population. MĂÂȘme avant la mise en place des 35h, les Ă©conomistes prĂ©venaient que c'Ă©tait des ĂÂąneries, et la mise en place effective des 35h l'a bien montrĂ© ça n'a absolument pas rĂ©duit le chĂÂŽmage Ă moyen et long rĂ©alitĂ©, le travail crĂ©e du travail. Le travail permet aux entreprises de grossir, et donc d'embaucher plus. Le travail permet Ă de nouvelles entreprises de se crĂ©er, et de produire mieux, ce qui augmente mĂ©caniquement le pouvoir d'achat et donc la richesse de toute la population, ce qui augmente la consommation et le besoin de produire, et donc les y aura assez de travail Ă accomplir pour rendre le loisir dĂ©licieux, mais pas assez pour conduire Ă lĂąâŹâąĂ©puisementĂąâŹÂŠ Les hommes et les femmes ordinaires, ayant la possibilitĂ© de vivre une vie heureuse, deviendront plus enclins Ă la bienveillance quĂąâŹâąĂ la persĂ©cution et Ă la suspicion. Le goĂ»t pour la guerre disparaĂtra, en partie pour la raison susdite, mais aussi parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharnĂ©.La premiĂšre partie de cette citation est une thĂ©orie de bisounours qui se rĂ©vĂšle fausse une fois confrontĂ©e aux faits. Le manque de travail gĂ©nĂšre Ă©normĂ©ment de problĂšmes chez pas mal de gens dĂ©linquance, drogue, violence... Quant Ă la deuxiĂšme partie sur la guerre, c'est Ă©galement faux. L'Histoire occidentale rĂ©cente montre que c'est prĂ©cisĂ©ment l'inverse le capitalisme a permis un enrichissement massif de la population, et des Ă©changes Ă©conomiques entre les pays, qui n'ont du coup plus d'intĂ©rĂÂȘt Ă se faire la guerre, parce que dĂ©sormais les pays dĂ©pendent les uns des autres pour s'enrichir politique engagĂ©, pacifiste convaincu lors de la PremiĂšre Guerre mondiale, Bertrand Russell, alors socialiste modĂ©rĂ©, opte pour une non intervention relative pendant la Seconde Guerre interventionniste pendant la seconde guerre mondiale ? Il voulait laisser l'Europe en pĂÂąture Ă l'Allemagne nazie ? Quel grand homme dĂ©cidĂ©ment !
travaillebeaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et quâil importe Ă prĂ©sent de faire valoir dans les pays industrialisĂ©s un point de vue qui diffĂšre radicalement des prĂ©ceptes tra-ditionnels. Tout le monde connaĂźt lâhistoire du voyageur qui, Ă Naples, vit douze mendiants
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Letexte au format EPUB Ă tĂ©lĂ©charger (Un fichier de 164 K.) Une Ă©dition Ă©lectronique rĂ©alisĂ©e Ă partir du texte de Bertrand Russell, Ăloge de lâoisivetĂ©. PremiĂšre Ă©dition, 1932, Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation. Paris: Ăditions Allia, 2002, pour la traduction française, 40 pp. Traduit de lâanglais par Michel Parmentier.
Page 1Vous devez ĂȘtre connectĂ© ou demander l'accĂšs au forum pour rĂ©pondre Ă ce message. Auteurs Messages Jim Membre Messages 2522 PostĂ© Ă 09h15 le 14 Aug 21 ... d'un galopin nommĂ© Bertrand Russell Vous devez ĂȘtre connectĂ© ou demander l'accĂšs au forum pour rĂ©pondre Ă ce 1
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